Génocide au Rwanda. Est-ce diffamer les politiques que de mettre en cause leur politique au Rwanda ?

, par Aline Beilin

Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l’Elysée de 1991 à 1995, donc pendant le génocide au Rwanda, poursuivait Guillaume Ancel, ex-officier de l’armée de terre qui a servi au Rwanda en 1994, pour diffamation et injure, pour des tweets et des publication sur le site de l’ancien-militaire intitulé "Ne pas subir".
Mais pour trancher sur la diffamation, il faut se pencher sur les faits eux-mêmes, c’est-à-dire sur le rôle de la France dans la génocide au Rwanda. Comment faire alors que toutes les archives ne sont pas encore disponibles et que le travail des historiens est encore inachevé ?

La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris qui connait des délits de presse, avait à discerner si les propos de l’ancien militaire au Rwanda, qui dénonce depuis des années la politique de F. Mitterrrand et de ses proches (dont H. Védrine) dans le génocide des tutsis au Rwanda en 1994, relèvent de la diffamation et de l’injure. Les propos incriminés ont été publiés peu après la sortie du rapport Duclert en 2021. Ce rapport avait conclu que les politiques français (et notamment la "cellule de l’Elysée" en charge de la question du Rwanda) pouvaient être mis en cause pour leur « responsabilité lourde et accablante », mais qu’on ne pouvait parler de « complicité ». Guillaume Ancel remet en cause ce qu’il dénonce comme un euphémisme.
Verbatim, recueilli par le journal Le Monde : « Au Rwanda, on m’a ordonné de remettre au pouvoir les forces génocidaires, a expliqué Guillaume Ancel. Ces gens étaient des nazis, il ne leur manquait que des croix gammées… Je n’ai jamais pu oublier tous mes questionnements de l’époque, ni tous ces fantômes. Je n’ai jamais pu accepter qu’on taise la vérité aux Français… Hubert Védrine était alors au pouvoir et il s’est vanté de cette politique qui, selon le rapport Duclert, était désastreuse. »
Le jugement sera rendu le 16 mai. A suivre...

G.Ancel accuse aussi M.Védrine de négationnisme, quand celui-ci défend la thèse du double génocide (où le génocide des tutsis ne serait que la réponde des Hutus au génocide des Hutus par les Tutsis. Il s’agit d’une rhétorique de l’effet miroir très bien déconstruite par des historiens comme H.Dumas).

Lire l’article de G.Ancel sur son blog sur cette affaire.

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