Quiviger Pierre-Yves, « Du droit au consentement. Sur quelques figures contemporaines du paternalisme, des sadomasochistes aux Témoins de Jéhovah », Raisons politiques, 2012/2 (n° 46), p. 79-94. DOI : 10.3917/rai.046.0079. URL :
Résumé
La place désormais accordée au consentement dans la saisie par la jurisprudence des pratiques SM va dans le sens d’une diminution de l’importance du paternalisme sexuel. On compare ici cette question avec la persistance d’un paternalisme médical qui devrait pourtant être rendu impossible par le jeu des lois consacrées aux droits des malades (loi du 4 mars 2002, loi du 22 avril 2005). Les « victimes » des pratiques SM sont bien plus informées que les patients ne le sont par les médecins, le formalisme contractuel des « contrats » érotiques est plus marqué que celui des consentements à l’action médicale. Néanmoins, les magistrats continuent à craindre le surgissement de la violence dans le monde très codifié du SM alors qu’ils peinent à admettre, comme dans le cas des Témoins de Jéhovah transfusés contre leur volonté, qu’il puisse y avoir un mauvais traitement des patients, dès lors qu’on les a sauvés, y compris en méprisant leur refus de soin et leur absence de consentement. Il s’agit de démontrer que la question du consentement ne peut pas être appréhendée sans inscrire celui-ci dans le contexte qui le détermine et le borne, à savoir un paternalisme, soit médical, soit sexuel, dont l’importance est souvent inaperçue. https://www.cairn.info/revue-raison...