Pegasus ou l’échec de la tentative de protection des données personnelles ?

, par Aline Beilin

En matière d’espionnage, de saisies des données et d’écoutes illégales, le logiciel Pegasus apparait d’une redoutable efficacité. A ce titre, il porte atteinte au respect de la vie privée, au secret des correspondances, à la protection des données personnelles. En un mot à des libertés fondamentales.

Le journal Le Monde, qui appartient au groupement d’organes de médias qui a mené l’enquête. Notons qu’à un moment où les médias sont volontiers critiqués, il faut reconnaître que nous ne saurions pas informés sans les médias professionnels et indépendants.

Le journal Le Monde et les 16 autres rédactions qui enquêtent [1] sur Pegasus ont mis en évidence que l’entreprise israélienne NSO GRoup a vendu à au moins une dizaine d’Etats ce logiciel espion. Résultats : les téléphones d’hommes et de femmes politiques, de journalistes, d’opposants, de leurs entourages respectifs, ont été infectés. Le logiciel peut pénétrer dans le téléphone de quelqu’un sans qu’il s’en aperçoive, avoir accès aux messageries (y compris celles qui sont dites sécurisées), le transformer en micro à distance (des écoutes illégales).
Des membres du gouvernement français, jusqu’au chef de l’Etat, ont été ciblés . Au total, 13 chefs d’Etat ou d’exécutif ont été ciblés (on ne sait pas, ou pas encore, si leurs téléphones ont été infectés).
Officiellement, le logiciel Pegasus a été conçu pour lutter contre le terrorisme et la cybercriminalité. Mais en réalité, on voit bien que ces moyens, une fois mis en vente et disponibles, peuvent être utilisés à des fins politiques, commerciales, ou partisanes.

Le Maroc semble avoir beaucoup utilisé Pegasus, dans le repérage et la répression des opposants à la monarchie ou à l’indépendance du Sahara. D’autres pays, d’autres services de renseignements s’en sont servis.

A écouter ici, le podcast du Monde sur le sujet.

Un point sur le fonctionnement de Pegasus à lire sur TheConversation.fr

De multiples questions se posent en droit. Quid des moyens légaux mis en oeuvre pour assurer la protection des données personnelles ? Que devient le respect de la vie privée par le droit interne et le droit européen, lorsque des logiciels ont de telles potentialités liberticides ?

Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur l’espionnage du téléphone d’Edwy Plenel, rédacteur en chef de Médiapart.

Notes

[1avec le concours d’Amnesty International

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