La traque des génocidaires du génocide au Rwanda réfugiés en France

, par Aline Beilin

Le génocide des tutsis au Rwanda a commencé il y a 27 ans. Un certain nombre de (présumés) génocidaires ont trouvé refuge en France. Seront-ils jugés ? Et où le seront-ils ? Le rôle joué par l’Etat français durant le génocide a à voir avec la manière dont les génocidaires ont pu se sentir et être protégés en France depuis 1994.

Ces présumés génocidaires ont bénéficié de filières d’exil protégées par l’Etat français, au regard des liens entre l’Etat français et les hommes et les femmes alors au pouvoir au Rwanda. L’épouse du président Habyarimana — qui, selon les historiens et les témoins de l’époque, est une figure du premier cercle des décideurs et organisateurs du génocide (l’Akasu, la "petite maison" est le nom que se donne ce cercle de gens qui occupent des postes de pouvoir économique, politique, de police, etc et qui défendent le "hutu power") — vit en France dans l’Essonne (lire l’article paru dans le Monde du 27 mars 2021, réservé aux abonnés)

  • Le rapport Duclert a fait été de la responsabilité de l’Etat français lors du génocide. La discussion sur le terme de complicité de la France est ouverte. Le mot est polysémique, selon qu’il relève du lexique politique, juridique, etc. En droit la complicité a une acception précise. Elle est définie à l’article 121-7 du code pénal :
    « Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
    Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre. »
  • Le 5 mars 2021, c’est Jean Hatzfeld, écrivain, auteur de 6 livres majeurs sur le génocide des tutsis au Rwanda, dont Dans le nu de la vie et de Là où tout se tait, qui évoque les Justes rwandais et la responsabilité de l’Etat français sur France inter. Un entretien de 24 mn à écouter ici
  • Stéphane Audoin-Rouzeau, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), exclu de la Commission Duclert, et Jeanne Allaire, rescapée du génocide des Tutsi au Rwanda et membre de l’association Ibuka, ont été interrogés sur france inter. A écouter absolument

En France, c’est un office central qui a en charge la poursuite des présumés génocidaires : l’office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). Eric Emeraux, qui dirige l’OCLCH, explique l’action de l’Office dans cette courte vidéo. Dans cette autre vidéo il évoque plus spécifiquement la traque des génocidaires en France.

Ainsi Félicien Kabuga, "financier" du génocide, arrêté en France le 16 mai 2020 à Asnières-sur-Seine. Ancien président de la Radio des Milles Collines Il devrait être soit à La Haye soit à Arusha, en Tanzanie, où s’est déjà réuni le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Voir le reportage de TV5 monde ici , et lire notre article.

Alain Gauthier et son épouse Dafroza traquent eux aussi les génocidaires qui poursuivent une vie paisible en France. Lire ici

France Inter a publié un reportage assez complet sur son site. Voir ici

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