Au procès de Renaud Camus, la liberté d’expression a été réaffirmée.

, par Aline Beilin

Renaud Camus était poursuivi par cinq associations antiracistes (parties civiles au procès), pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Jeudi 10 février, il a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
 [1]

Le tweet pour lequel il était mis en cause est le suivant : Une boîte de préservatifs offerte en Afrique, c’est trois noyés de moins en Méditerranée, cent mille euros d’économies pour la CAF [Caisse d’allocations familiales], deux cellules de prison libérées et trois centimètres de banquise préservée. (publié le 18 avril 2019).

Renaud Camus a plaidé "la plaisanterie", le droit à l’humour et à la caricature.
Le procureur a réclamé quatre mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 5 000 euros.
Le tribunal, tout en reconnaissant le peu d’empathie, et le style éacide et décalé, voire cru" de l’écrivain, l’a relaxé au nom de la liberté d’expression.

Le journal Le Monde a publié de larges extraits du jugement du tribunal, que nous redonnons pour partie :

« Aucun sens ni aucune portée ségrégationniste, discriminatoire, raciste ou “raciale” ne ressortent du propos incriminé »
La liberté d’expression « vaut aussi pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population ».
« La caricature, la satire et la parodie, même délibérément provocantes et grossières, participent de la liberté d’expression (…) par une forme de commentaire social lequel, de par l’exagération et la déformation de la réalité qui le caractérise, vise naturellement à provoquer. »

Le tribunal argue aussi du caractère très général des propos, qui ne l’exposent pas à une possibilité ou un souci de vérification : si le jugement reconnait que les propos font mention d’un « groupe de personnes à raison de son origine, ou de son appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion, en revanche « pour avoir une origine géographique commune le groupe des personnes visées par leur seule origine africaine, n’est pas considéré en l’espèce à raison de l’essence des personnes qui s’y rattachent ». L’écrivain n’impute à ce groupe « aucun fait précis susceptible d’un débat sur la preuve de sa vérité ».

« Force est de constater que le propos s’insère dans un débat d’intérêt général relatif à la décroissance démographique, et aux effets pervers d’ordre humain, sociologique, économique et écologique d’un système ne contrôlant ni les naissances ni les flux migratoires, mettant l’accent, de façon polémique, sur le continent africain dont la croissance démographique est un fait »

le tribunal reconnait que si les propos peuvent choquer, ils relèvent d’un droit à la caricature et à l’humour. Il conclut que les propos incriminés ne justfiient pas « dans une société démocratique, une limitation du libre exercice de la liberté d’expression, laquelle doit être d’interprétation stricte, et dont les limites admissibles n’ont pas en l’espèce été dépassées, par la critique satirique d’un système de croissance et de certaines de ses conséquences »

Notes

[1Renaud Camus est un écrivain et publiciste d’extrême-droite : il est le théoricien du"Grand Remplacement" et de la "Grande Déculturation", thèmes repris par l’extrême-droite identitaire pour signifier le prétendu péril que l’immigration fait courrir au sang et à la culture française.

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)