Fin de vie : le combat d’Alain Coq

, par Aline Beilin

Le témoignage d’Alain Coq, 57 ans, atteint d’une maladie dégénérative, repose la question de la fin de vie, objet de la loi Leonetti du 2 février 2016.. Mais le combat d’Alain Coq pose d’autres questions, éthiques et juridiques...

  • Une souffrance personnelle et intime, rendue publique pour faire débat
    En août, Alain Coq a témoigné de sa souffrance quotidienne et affirmé son souhait de mourir. Ce témoignage a été filmé (voir par exemple sur le site du Figaro ici) et largement diffusé dans les médias (voir par exemple cet article de France3régions .
  • Ce que dit la loi...
    La loi Leonetti autorise l’arrêt des soins et des traitements en cas, puisqu’à l’évidence Alain Coq est en état de donner son consentement éclairé à la mesure. Mais Alain Coq plaide pour qu’une personne puisse lui donner une aide active à mourir, afin d’approcher la mort en conscience, et d’éviter une terrible agonie. La loi Leonetti autorise la sédation profonde et continue jusqu’au décès, mais à condition qu’il y ait un risque vital à court terme, ce qui n’est pas le cas ici. Or cela est interdit par la loi Leonetti. Alain Coq en a appelé à l’Elysée, mais Emmanuel Macron lui a répondu qu’un président de la République n’est pas au dessus des lois (voir article du Figaro évoqué plus haut).

Notons aussi que la loi elle-même est interprétée différemment par les médecins. Dans cet article de Libération, la Docteure Véronique Fournier, qui a présidé le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV), rappelle cette indétermination de la loi, fort dommageable ici. Lire cet article, très éclairant.

  • Et Facebook s’en est mêlé...
    Alain Coq a donc annoncé début septembre qu’il faisait le choix de mourir par arrêt des traitements et des soins (hydratation et alimentation). Dans son combat pour dénoncer les conditions de la fin de vie en France et défendre une fin de vie dans la dignité, il a annoncé souhaiter filmer son agonie et la diffuser sur facebook.
    Mais Facebook a bloqué la diffusion de ce contenu samedi 5 septembre 2020. Le porte-parole de Facebook a déclaré : "Bien que nous respections sa décision de vouloir attirer l’attention sur cette question complexe, sur la base de conseils d’experts, nous avons pris des mesures pour empêcher la diffusion en direct sur le compte d’Alain, car nos règles ne permettent pas la représentation de tentatives de suicide". Le fondement juridique d’une telle décision peut être le délit d’instigation au suicide, punissable dès lors que l’instigation a été suivie d’effet. Autrement dit, le fait d’en appeler à mourir peut être un délit, jugé au tribunal correctionnel, dès lors que cet appel est efficient.
    Alain Coq, lui, voit dans cette décision une atteinte à la liberté d’expression. Lire ici sa réaction.
    A l’évidence, cela pose la question de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux : La défense d’un droit à mourir ne relève-t-elle pas de la liberté d’expression ? Qui est légitime pour limiter la liberté d’expression ? Faut-il confier aux GAFA elles-mêmes le soin de restreindre la liberté d’expression ?
  • Alain Coq a finalement accepté de reprendre les soins et les traitements, tant les souffrances étaient insupportables. Il peut désormais accéder aux soins palliatifs. Sa volonté de mourir dans la dignité reste intacte, mais cela prendra une forme autre que celle annoncée. Lire sur Libération.fr
  • Voir aussi sur le site le point sur l’approche légale de la fin de vie, par Tatiana Gründler et Camille Bourdaire-Mignot : un point nécessaire, en un diaporama utile :ici

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)