Covid-19. La prison ou le confinement dans le confinement. Ep 4.

, par Valérie Marchand

Cyrille Canetti, dirige le service médico-psychologique régional de la maison d’arrêt de la Santé à Paris. Il a donné le 17 avril au journal Le Monde un entretien. Extraits.

Sa perception de la diffusion du coronavirus en prison est teintée d’optimisme : « Pour l’instant, l’épidémie semble contenue en prison ». Au contraire de ses craintes initiales, le virus n’aurait pas eu les effets dramatiques attendus à la Santé.

Pour quelle raison ? Cyrille Canetti relève deux facteurs possibles : la baisse des effectifs et la jeunesse de la population concernée, notamment en détention provisoire. La baisse des effectifs à la Santé fait que l’encellulement individuel est désormais possible (le taux d’occupation n’est plus supérieur à 100 %. Ce n’est pas le cas, rappelons-le, de tous les lieux de détention.

Lorsqu’on lui demande comment réagissent les détenus, il répond : « Plutôt bien. Ils ont une capacité d’adaptation et prennent la mesure de la gravité de la situation. Je m’attendais à de fortes tensions, voire à des émeutes après la suppression des parloirs et des activités. »

Cyrille Canetti redevient plus pessimiste lorsqu’il évoque la prison au long cours, en dehors de l’actualité du coronavirus. Psychiatre en prison depuis 20 ans, il remarque que la situation des personnes atteints de pathologies psychiatriques en prison n’a jamais été aussi mauvaise : « au cours de l’année 2019, on a réalisé 36 hospitalisations [psychiatriques] de détenus, alors qu’avant la fermeture de la Santé [en 2014], on tournait en moyenne à 11 hospitalisations par an. Nous avons la volonté de ne pas substituer aux murs de l’hôpital les murs de la prison. »

Il regrette que des magistrats condamnent ou recondamnent des justiciables alors même que l’acte est en relation directe avec une pathologie. Cyrille Canetti a une solide expérience de terrain : « Il y a des situations évidentes de personnes qui ne sont pas adaptées à la prison et qui ne sont manifestement pas accessibles à la sanction pénale. On a des gens qui vivent dans leurs excréments ! Et évidemment, ces personnes qui nuisent à leur environnement, par exemple en hurlant jour et nuit, sont sujettes à des représailles dans les cours de promenade. »

Cela renvoie à la question de la prise en compte de l’altération ou de l’abolition du discernement en matière pénale. L’affaire Halimi en est un exemple récent. Voir article 122-1 du Code pénal.

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